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histoire du roi omar al-némân…
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son état ne fit que s’aggraver. Aussi, à Jérusalem, ils louèrent une petite chambre dans un des khâns, et Daoul’makân s’étendit dans un coin, en proie à la maladie ; et cette maladie empira d’une si grave façon que Daoul’makân finit par perdre entièrement connaissance et entra dans la période du délire. Et la bonne Nôzhatou ne le quittait pas un instant, et était fort soucieuse et fort chagrinée, ainsi seule dans un pays étranger, sans personne pour la consoler et l’aider.

Et comme la maladie ne s’éliminait pas et durait déjà depuis un temps assez long, Nôzhatou finit par épuiser ses dernières ressources, et n’eut plus un seul drachme entre les mains. Alors elle envoya au souk des crieurs publics le garçon qui servait les voyageurs au khân, après lui avoir donné un de ses propres vêtements pour qu’il le vendît et lui rapportât quelque argent. Et le garçon du khân le fit. Et Nôzhatou continua à agir de la sorte et à vendre tous les jours quelque chose de ses effets, pour soigner son frère, jusqu’à épuisement complet de tout ce qu’elle avait. Et il ne lui resta plus, pour tout bien, que les habits vieux dont elle était vêtue et la vieille natte en loques qui leur servait de couche, à elle et à son frère. Alors, se voyant dans ce dénûment, la pauvre Nôzhatou se prit à pleurer en silence.

Mais le soir même, Daoul’makân, par la volonté d’Allah, reprit connaissance et se sentit un peu mieux et, se tournant vers sa sœur, lui dit : « Ô Nôzhatou, voici que je sens les forces me revenir, et j’ai une bien grande envie de manger une brochette