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les mille nuits et une nuit

seins arrondis et à l’intacte virginité. Et il combla les savants de prévenances et de cadeaux, et les reçut avec une grande générosité ; puis il leur confia les belles adolescentes, choisies une à une, et leur recommanda de donner à ces adolescentes l’éducation musulmane la plus soignée. Et les savants lettrés obéirent et firent exactement ce que le roi leur avait ordonné. Voilà pour le roi Hardobios.

Mais pour ce qui est d’Omar Al-Némân, lorsqu’il fut de retour de la chasse et qu’il entra dans son palais et apprit la fuite d’Abriza et sa disparition, il fut très affecté et s’écria : « Comment se fait-il qu’une femme puisse sortir de mon palais sans que personne le sache ? Si mon royaume est aussi bien gardé que mon palais, c’est, en vérité, notre perte irrémédiable à tous ! Mais une autre fois que j’irai à la chasse, je saurai bien faire garder mes portes ! » Et pendant qu’il parlait de la sorte, voici que Scharkân revint aussi de son expédition et se présenta devant son père qui lui apprit la disparition d’Abriza. Aussi Scharkân, dès ce jour, ne put plus supporter la vue du palais de son père, d’autant plus que la petite Nôzhatou et le petit Daoul’makân étaient l’objet des soins les plus attentifs du roi. Et il s’attrista davantage de jour en jour et tellement, que le roi lui dit : « Qu’as-tu donc, ô mon fils, à jaunir de teint et à maigrir de corps ? » Et Scharkân lui dit : « Ô mon père, voici que, pour plusieurs raisons, le séjour de ce palais me devient intolérable. Je te demanderai donc, comme une faveur, de me nommer gouverneur d’une place forte quelconque d’entre les places fortes, où