Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
les mille nuits et une nuit

Lorsque le roi Hardobios fut arrivé à Kaïssaria, il entra dans son palais et fit venir sa nourrice, Mère-des-Calamités, et lui dit : « Nourrice, vois ce que les musulmans ont fait de ma fille ! Le roi a ravi sa virginité, et l’esclave l’a voulu violer et l’a tuée ! Et d’elle est né cet enfant que soigne Grain-de-Corail. Or, je jure par le Messie de venger ma fille et de laver l’opprobre dont on m’a couvert. Sinon je préférerais me tuer de ma propre main ! » Et il se mit à pleurer à chaudes larmes. Alors Mère-des-Calamités lui dit : « Pour ce qui est de la vengeance, ne t’en préoccupe pas, ô roi ! c’est moi seule qui ferai expier ses crimes à ce musulman. Car je le tuerai, lui et ses enfants, et d’une manière à faire longtemps l’objet des histoires que l’on racontera dans les temps futurs, dans toutes contrées de la terre. Mais il faut que tu écoutes bien ce que j’ai à te dire et que tu l’exécutes fidèlement. Voici. Il faut faire venir dans ton palais les cinq jeunes filles les plus belles de Kaïssaria, celles aux seins les plus beaux et à la virginité intacte. Et il faut faire venir, en même temps, les plus grands savants et les plus fins lettrés des contrées musulmanes qui avoisinent ton royaume. Et tu donneras l’ordre à ces savants musulmans d’élever les adolescentes d’après leur méthode. Et ils leur enseigneront ainsi la loi musulmane, l’histoire des Arabes, les annales des khalifes et tous les actes des rois musulmans ; de plus, ils leur enseigneront l’art de se conduire, la politesse, la façon de parler aux rois, la façon de leur tenir compagnie en leur servant à boire, les plus beaux vers et la plus gentille manière de les réciter, la manière de composer les poèmes