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histoire du roi omar al-némân…
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oses ainsi t’exhiber devant ma figure ! Quelle honte est la mienne d’être maintenant, sans défense, entre les mains du dernier d’entre les esclaves noirs ! Misérable ! qu’Allah seulement m’aide à me délivrer de l’état où je suis et à guérir mes parties féminines qui me rendent impuissante, et je punirai ton insolence de ma propre main ! Plutôt que de me voir toucher par toi, je préférerais me tuer moi-même et en finir avec mes souffrances et les malheurs de ma vie ! » Et elle récita ces strophes :

« Ô toi qui ne cesses de me poursuivre, quand donc finiras-tu ? Suffisamment, j’ai goûté à la dureté des épreuves suscitées par mon sort et mon destin. Mais j’espère que le Seigneur me délivrera du moins des brutes violatrices.

Pourquoi persistes-tu ? Ne t’ai-je point dit que je n’ai nulle envie ni penchant aucun pour la débauche basse ?… Assez donc me regarder avec cet œil avide de misérable affamé !

Et n’espère point me jamais toucher, à moins de me couper d’abord en morceaux avec le tranchant d’un glaive à la lame trempée dans l’Yaman.

Et n’oublie point que je suis une d’entre les pures, une d’entre les nobles et les plus sublimes de sang ! Comment donc, esclave, oses-tu vers moi lever les yeux, toi qui es loin d’appartenir à une race élégante et affinée ?… »

Lorsque le nègre Morose eut entendu ces vers, il entra dans une fureur très grande, et sa figure se congestionna de haine et ses traits se convulsèrent