Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân…
75

Morose, te sens-tu capable de nous venir en aide et de nous assister dans les coups du temps et nos infortunes ? Et si je te révélais mon secret, serais-tu assez discret pour ne pas le divulguer ? »

Alors le nègre Morose, qui à la seule vue d’Abriza avait senti l’amour enflammer son cœur, dit : « Ô ma maîtresse, je ferai tout ce que tu me commanderas ! » Et Abriza dit : « Je te demande, dans ce cas, de nous préparer à l’instant deux mulets pour porter nos bagages, et deux chevaux pour nous, et de nous faire sortir d’ici, moi et mon esclave-ci, Grain-de-Corail. Et je te promets que, dès que nous serons arrivés tous les trois dans notre pays, je te marierai avec la plus belle d’entre les Grecques, avec celle que tu choisiras. Et nous te comblerons d’or et de richesses. Et, si tu désires ensuite retourner dans ton pays, nous te renverrons dans ton pays comblé de dons et de bienfaits. »

À ces paroles, le nègre Morose se dilata d’une considérable dilatation, et s’écria : « Ô ma maîtresse, je vous servirai toutes deux avec mes deux yeux ! Et je partirai avec vous, certes ! Et je vais tout de suite vous préparer les montures et tout ce qu’il faut ! » Puis il sortit en pensant en lui-même : « Quel butin et quelle chance ! Certes je vais me réjouir et me délecter de la chair de ces deux lunes ! Et si l’une d’elles me repoussait, je la tuerais ! Et je volerais toutes leurs richesses ! » Et, bien résolu à la chose, il fit tous les préparatifs nécessaires ; et tous les trois purent sortir sans être remarqués, et malgré l’état de la reine Abriza.

Mais la reine Abriza, qui souffrait des douleurs de