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histoire du roi omar al-némân…
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À ces mots relatifs à son frère Daoul’makân, dont il ignorait absolument l’existence, Scharkân fut désagréablement affecté, car il ne savait que la naissance de Nôzhatou. Aussi se tourna-t-il vers le roi Omar Al-Némân, en lui disant : « Ô père, as-tu donc un autre fils que moi ? » Il dit : « Mais certainement, âgé de six ans, le frère jumeau de Nôzhatou, et tous deux nés de mon esclave Safîa, la fille du roi de Constantinia ! » Alors Scharkân, bouleversé à cette nouvelle, ne put s’empêcher de secouer ses habits de dépit et de colère, mais il se contint tout de même et dit : « Puissent-ils tous deux être sous la bénédiction d’Allah le Très-Haut ! » Mais son père remarqua son agitation et son dépit et lui dit : « Ô mon fils, pourquoi donc te mettre dans un état pareil ? Ne sais-tu pas que c’est à toi seul que revient la succession au trône, à ma mort ? Et ne t’ai-je pas donné à toi, le premier, la plus belle d’entre les trois gemmes pleines de merveilles ? » Mais Scharkân ne se sentit point en état de répondre et, ne voulant pas contrarier ou peiner son père, il sortit, la tête basse, de la salle du trône. Et il se dirigea vers l’appartement réservé d’Abriza ; et Abriza aussitôt se leva pour le recevoir, le remercia gentiment de ce qu’il avait fait pour elle et le pria de s’asseoir à côté d’elle. Puis, comme elle le voyait le visage sombre et attristé, elle le questionna tendrement ; et Scharkân lui raconta le motif de sa peine et ajouta : « Mais ce qui me préoccupe surtout, ô Abriza, c’est que j’ai fini par remarquer chez mon père des intentions non douteuses à ton endroit, et j’ai vu ses yeux s’éclairer du désir de ta possession. Qu’en dis-tu donc, toi-même ? » Elle répondit : « Tu peux