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histoire du roi omar al-némân…
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Lorsque Scharkân eut vu ce résultat, il en fut très affecté ; et il réunit ses compagnons et leur dit : « Ce qui vient de nous arriver n’est-il vraiment pas énormément extraordinaire ? Aussi vais-je, demain même, m’avancer seul en face de l’ennemi et provoquer au combat le chef de ces chrétiens. Et je verrai ensuite la raison qui l’a poussé à violer notre territoire et à nous attaquer. Et s’il refuse de s’expliquer, nous le tuerons ; et s’il accepte nos propositions, nous ferons avec lui la paix. » Et sur cette résolution, ils s’endormirent tous jusqu’au matin.

Alors Scharkân, déjà à cheval, s’avança tout seul vers les rangs des ennemis ; et il vit s’avancer, au milieu de cinquante guerriers descendus de leurs chevaux, un cavalier qui n’était autre que le chef des chrétiens en personne. Il portait, agrafée aux épaules, une chlamyde de satin bleu qui flottait au-dessus d’une cotte de mailles aux mailles très serrées ; et il brandissait une épée nue en acier indianisé ; et il montait un cheval noir qui avait le front étoilé d’une tache blanche, large comme un drachme d’argent. Et ce cavalier avait une figure fraîche d’enfant, aux joues roses et vierges de poil ; et il était aussi beau que la lune qui se lève glorieuse à l’horizon oriental.

Lorsqu’il fut au milieu de la lice, le jeune cavalier s’adressa à Scharkân en langue arabe, avec l’accent le plus pur, et lui dit : « Ô Scharkân, ô fils d’Omar Al-Némân qui règne sur les bourgs et les villes, les places fortes et les tours, prépare-toi à la lutte, car elle sera dure ! Et comme tu es le chef des tiens et moi le chef des miens, il est entre nous, dès maintenant, entendu que le vainqueur dans cette lutte