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les mille nuits et une nuit

de bataille. Lançons-nous sur eux, mais un contre un. Et d’abord, que l’un de vous sorte du rang et, d’une voix haute, qu’il aille inviter l’un des guerriers chrétiens à un combat singulier. Puis chacun à son tour affrontera la lutte de la sorte. »

Alors, l’un des cavaliers de Scharkân sortit des rangs, et poussa son cheval vers l’ennemi et s’écria : « Ô vous tous ! parmi vous y a-t-il un combattant, y a-t-il un champion assez intrépide pour accepter aujourd’hui la lutte avec moi ? » À peine avait-il prononcé ces mots que, d’entre les chrétiens, sortit un cavalier entièrement couvert d’armes et de fer, et de soie et d’or ; et il était monté sur un cheval gris, et avait un visage rose aux joues vierges de poil. Et il poussa son cheval jusqu’au milieu de la lice, et, l’épée haute, il se précipita sur le champion musulman, et, rapide, d’un coup de lance, il le désarçonna et le força à se rendre et l’emmena, humble prisonnier, au milieu des cris de victoire et de joie des guerriers chrétiens. Et aussitôt un autre chrétien sortit des rangs et s’avança au milieu de la lice à la rencontre d’un autre musulman qui y était déjà et qui était le frère du captif. Et les deux champions engagèrent la lutte ; et elle ne tarda pas à se terminer par la victoire du chrétien ; car, profitant d’une faute du musulman, qui n’avait pas su parer, il lui asséna un coup de pommeau de lance qui le désarçonna ; et il l’emmena captif. Et l’on continua de la sorte à se mesurer, et chaque fois la lutte se terminait par la capture d’un musulman vaincu par le chrétien, et cela jusqu’à la tombée de la nuit et la capture de vingt guerriers d’entre les musulmans.