Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân…
57

leur roi de notre arrivée sur ses terres. Et maintenant, qui sait si leur armée n’a pas déjà détruit la nôtre ! Au plus vite, courons donc au milieu de nos soldats ! »

Et bientôt, au galop de leurs chevaux, ils arrivèrent dans la vallée où les tentes étaient dressées ; et l’ordre y régnait, mais les envoyés avaient disparu, en effet. Alors, en hâte, on leva le camp et l’on partit vers Baghdad. Et au bout de quelques jours on arriva aux premières frontières connues ; et l’on fut, par le fait, dans la sécurité. Et tous les habitants de la contrée s’empressèrent de venir leur apporter des provisions pour eux et des vivres pour les chevaux. Et l’on se reposa en cet endroit quelque temps, et l’on repartit. Mais Scharkân confia la direction de toute l’avant-garde au vizir Dandân, et ne garda pour lui, comme arrière-garde, que cent cavaliers qu’il choisit un à un parmi l’élite de tous les cavaliers. Et il laissa l’armée le devancer d’un jour entier ; après quoi il se mit lui-même en marche avec ses cent guerriers.

Et comme ils avaient déjà parcouru près de deux parasanges[1], ils finirent par arriver à un défilé fort étroit situé entre deux très hautes montagnes, et à peine y étaient-ils qu’ils virent à l’autre bout du défilé s’élever une poussière fort dense, qui se rapprocha rapidement et se dissipa pour laisser paraître cent cavaliers, aussi intrépides que des lions et disparaissant sous les cottes de mailles et les visières d’acier. Et lorsque ces cavaliers furent à portée de voix, ils s’écrièrent : « Descendez de vos chevaux,

  1. Le parasange (pharsakh) correspond à peu près à cinq kilomètres.