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les mille nuits et une nuit

tère et leur dit : « Comment se fait-il que vous ayez laissé pénétrer ici les hommes du roi, sans ma permission ? » Ils dirent : « Ce n’est point encore l’habitude de demander un permis d’entrée pour les hommes du roi et surtout pour son grand patrice ! » Elle dit : « Je vous soupçonne fort d’avoir voulu me perdre et faire tuer mon hôte ! » Et elle pria Scharkân de leur couper la tête ; et Scharkân leur coupa la tête. Alors elle dit à ses autres esclaves : « Ils ont mérité bien pis que cela ! » Puis elle se tourna vers Scharkân et lui dit : « Voici, ô Scharkân, que je vais te dévoiler ce qui pour toi a été caché jusqu’à cette heure ! » Alors elle dit :

« Sache, ô Scharkân que je suis la fille unique du roi grec Hardobios, maître de Kaïssaria, et je m’appelle Abriza. Et j’ai pour ennemie inexorable la vieille Mère-des-Calamités, qui a été la nourrice de mon père et est très écoutée et crainte au palais. Et la cause de cette inimitié entre moi et elle est une cause que tu me dispenseras de te raconter, car il y a des jeunes filles mêlées à cette histoire dont tu connaîtras certes les détails avec le temps. Aussi je ne doute pas que Mère-des-Calamités ne fasse tout pour me perdre, maintenant surtout que j’ai été la cause de la mort du chef des patrices et des guerriers. Et elle dira à mon père que j’ai embrassé la cause des musulmans. Aussi, pour moi, le seul parti à prendre, tant que Mère-des-Calamités me persécute, est de m’en aller loin de mon pays et de mes parents. Et je te demande de m’aider à partir, et d’agir avec moi comme j’ai agi avec toi ; car tu es un peu la cause de ce qui vient d’arriver. »