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histoire du roi omar al-némân…
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portiers ! » Alors la reine Abriza s’avança au-devant de Scharkân, et le prit dans ses bras et l’embrassa avec ferveur ; puis elle compta le nombre des morts, et en trouva quatre-vingts ; quant aux vingt autres combattants, ils avaient pu, malgré leur état, s’échapper et disparaître. Et Scharkân songea alors à essuyer la lame sanglante de son glaive et, entraîné par Abriza, rentra au monastère en récitant ces strophes guerrières :

« Au jour de ma vaillance, pour me combattre, les bandes avec fureur se sont élancées !

J’ai jeté en pâture aux lions leurs fiers chevaux bai-brun, à mes frères les lions.

— Allons, jeunes gens ! soulagez-moi du poids de mes habits, si vous voulez ! —

Au jour de ma vaillance, je n’ai fait que passer, et voilà tous ces guerriers tout de leur long étendus sur la brûlante terre de mon désert ! »

Et comme ils étaient arrivés dans la grande salle du monastère, la jeune Abriza, toute souriante de plaisir, prit la main de Scharkân et la porta à ses lèvres ; puis elle releva sa robe, et en dessous apparurent une cotte de mailles aux mailles très serrées et une épée en acier fin de l’Inde ; et Scharkân, étonné, lui demanda : « Pourquoi, ô ma maîtresse, cette cotte de mailles et cette épée ? » Elle dit : « Ô Scharkân, dans le feu de ton combat je m’en étais vêtue à la hâte pour courir à ton secours ; mais mon bras ne t’a point été utile ! »

Puis la reine Abriza fit venir les portiers du monas-