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les mille nuits et une nuit

avec violence. Mais Scharkân para le coup porté, et s’élança comme un lion sur son adversaire et lui asséna sur l’épaule un coup si terrible que le glaive sortit en brillant par le flanc, après avoir traversé ventre et intestins.

À cette vue, la valeur de Scharkân augmenta considérablement aux yeux de la jeune reine, et elle se dit : « Voilà vraiment le héros avec lequel j’aurais pu lutter dans la forêt ! » Puis elle se tourna vers les guerriers et leur cria : « Qu’attendez-vous donc pour continuer le combat ! Ne songez-vous plus à venger la mort du patrice ? » Alors s’avança à grandes enjambées un géant à l’aspect redoutable et à la figure respirant l’énergie ; et il était le frère même du patrice Massoura ; mais Scharkân ne lui laissa pas le temps de parader, et lui asséna sur l’épaule un coup tel que le glaive sortit en brillant par le flanc, après avoir traversé ventre et intestins. Alors, un à un, d’autres guerriers s’avancèrent ; mais Scharkân leur faisait subir le même sort, et son glaive se faisait un jeu du vol de leurs têtes. Et de la sorte il en tua cinquante. Lorsque les cinquante qui restaient eurent vu le traitement infligé à leurs compagnons, ils se réunirent en une seule masse et se précipitèrent tous ensemble sur Scharkân ; mais c’en fut fait d’eux ! Ils furent reçus par Scharkân avec un cœur plus dur que la pierre, et battus comme sur l’aire les grains sont battus, et éparpillés, eux et leur âme, pour toujours !

Alors la reine Abriza cria à ses suivantes : « Y a-t-il encore d’autres hommes au monastère ? » Elles répondirent : « Il n’y a plus d’autres hommes que les