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les mille nuits et une nuit

il nous a ordonné la prise. » Elle dit, pleine de colère : « De quoi te mêles-tu, soldat ? Tu n’as qu’à combattre, quand tu le peux, et puisque tu es payé pour combattre ; mais prends garde de te mêler d’affaires qui ne te concernent point ! D’ailleurs, si tu osais attaquer Scharkân, en admettant que cet étranger fût Scharkân, tu le payerais de ta vie et de la vie de tous les guerriers qui sont avec toi ! Et voici que je vais le faire venir ici, avec son glaive et son bouclier ! » Le patrice Massoura dit : « Malheur ! si j’échappais à ta colère, je ne saurais échapper au ressentiment du roi ! Aussi si ce Scharkân se présentait ici, je le ferais immédiatement arrêter par mes guerriers, qui le conduiraient, humble captif, entre les mains du roi de Kaïssaria, ton père ! » Alors Abriza dit : « Tu parles beaucoup pour un guerrier, ô patrice Massoura ! Et tes paroles sont pleines de prétention et d’insolence ! Oublies-tu donc que vous êtes ici cent guerriers contre un ? Si donc ton patriciat ne t’a pas enlevé jusqu’aux traces du courage, tu n’as qu’à le combattre, seul à seul. Et si tu es vaincu, un autre prendra ta place et le combattra, et cela jusqu’à ce que Scharkân tombe entre vos mains ! Et cela décidera qui de vous tous est le héros ! »

— Mais, à ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.