Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân…
45

notre victoire future sur l’armée des musulmans ! »

À ces paroles, la jeune reine Abriza, fille du roi Hardobios, maître de Kaïssaria, regarda avec colère le chef des guerriers et lui dit : « Quel est ton nom, toi ? » Il répondit : « Ton esclave le patrice Massoura ibn-Mossora ibn-Kacherda ! » Elle lui dit : « Comment se fait-il que tu aies osé, insolent Massoura, entrer dans ce monastère sans me prévenir et obtenir l’entrée ? » Il dit : « Ô ma souveraine, aucun des portiers ne m’a barré la route ; tous, au contraire, se sont levés et nous ont conduits près de la porte de ton appartement. Et maintenant, suivant les ordres du roi ton père, nous attendons que tu nous livres ce Scharkân, le guerrier le plus redoutable d’entre les musulmans ! » Alors la reine Abriza dit : « Que dis-tu là ? Ne sais-tu que la vieille Mère-des-Calamités est une menteuse pleine de perfidies. Par le Messie ! j’ai bien ici un homme, mais il est loin d’être le Scharkân dont tu parles ; c’est un étranger qui est venu nous demander l’hospitalité, et nous la lui avons aussitôt généreusement accordée. Et d’ailleurs, même au cas où cet étranger serait Scharkân, les devoirs de l’hospitalité ne me commandent-ils pas de le protéger contre toute la terre ? Il ne sera jamais dit qu’Abriza a trahi l’hôte, après qu’entre elle et lui il y eut le pain et le sel ! Il ne te reste donc, ô patrice Massoura, qu’à retourner auprès du roi mon père ; tu baiseras la terre entre ses mains et tu lui diras que la vieille Mère-des-Calamités en a menti et l’a trompé ! » Le patrice Massoura dit : « Reine Abriza, je ne puis m’en retourner auprès du roi Hardobios, ton père, qu’avec celui dont