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histoire du roi omar al-némân…
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ment, la séparation et l’abandon, trois choses pleines d’effroi.

Comment choisir, moi qui suis tout liquéfié de l’amour d’un être beau qui m’a conquis et me soumet maintenant à de si dures épreuves ? »

Lorsque Scharkân eut entendu cette chanson, et comme aussi il avait bu considérablement, il fut tout à fait grisé et perdit tout sentiment. Et lorsqu’il fut revenu à lui, la jeune femme n’était plus là. Et Scharkân s’informa auprès des esclaves qui lui répondirent : « Elle a regagné son appartement pour dormir, car voici la nuit. » Et Scharkân, quoique fort contrarié, dit : « Qu’Allah l’ait sous sa protection ! » Mais le lendemain, la jeune esclave préférée, Grain-de-Corail, vint le prendre, dès son réveil, pour le conduire à l’appartement même de sa maîtresse. Et comme il franchissait le seuil, Scharkân fut reçu au son des instruments et aux chants des chanteuses qui, de la sorte, lui souhaitaient la bienvenue. Et il entra par une porte massive d’ivoire incrusté de perles et de pierreries ; et il vit une grande salle toute tendue de soie et de tapis du Khorassân ; et elle était éclairée par de hautes fenêtres qui avaient vue sur des jardins touffus et des cours d’eau ; et contre les murs, il y avait une rangée de statues habillées comme des vivants et qui mouvaient bras et jambes d’une façon étonnante, et dont l’intérieur était machiné avec un art tel, qu’elles chantaient et parlaient comme de vrais fils d’Adam.

Mais lorsque la maîtresse du logis vit Scharkân, elle se leva et vint à lui et le prit par la main et le fit