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les mille nuits et une nuit

réprimander fort d’avoir oublié les conseils de son père ; et sa peine s’accroissait encore du fait qu’il ignorait tout de la jeune hôtesse du palais et du lieu où il se trouvait. Et il se récita alors ces strophes du poète :

« Si j’ai perdu ma fermeté et mon courage, ma faute est légère, car j’ai été trompé et trahi par tant de choses !

Délivrez-moi, ô mes amis, de ma douleur, de la douleur d’aimer qui m’a fait perdre ma force et toute ma gaîté !

Voici que mon cœur s’est égaré dans l’amour, s’est égaré et a fondu. Il a fondu, et je ne sais à qui jeter mon cri de détresse ! »

Lorsque Scharkân eut fini de réciter ces strophes, il s’endormit, et ne se réveilla que le matin. Et il vit entrer dans la salle une troupe de beauté, composée de vingt jeunes filles comme des lunes qui entouraient leur maîtresse ; et elle était au milieu d’elles, telle la lune entre les étoiles. Elle était vêtue d’étoffes de soie ornées de dessins et de figures, royalement ; sa taille paraissait encore plus fine et ses hanches plus somptueuses sous la ceinture qui les tenait captives ; et c’était une ceinture d’or filigrané, toute diamantée de pierreries ; et de la sorte, avec ces hanches et cette taille, elle était telle une masse de cristal diaphane où se ploierait en son milieu, délicatement, un fin rameau d’argent. Les seins étaient plus superbes et plus saillants. Quant à ses cheveux, ils étaient retenus par un filet de perles fines emmê-