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histoire du roi omar al-némân…
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qui a soufflé les âmes dans les corps et a donné ses lois aux humains ! » Et Scharkân fit le serment. Alors la jeune fille prit son élan, de nouveau, et, d’un bond agile, franchit le fleuve et revint sur la rive, près de la pelouse. Et toute rieuse, elle dit à Scharkân : « Vraiment je serai peinée de te voir partir, ô seigneur, mais c’est pour ton bien : pars donc ! car voici le matin qui s’avance et les guerriers vont venir et tu tomberas entre leurs mains. Car comment pourrais-tu résister à mes guerriers, toi qu’une seule de mes femmes ferait ployer et terrasserait ? » Et sur ces paroles, la jeune lutteuse voulut s’éloigner dans la direction du monastère, sans engager la lutte dont elle avait parlé.

Alors Scharkân fut à la limite de l’étonnement et voulut essayer de retenir la jeune femme, et lui dit : « Ô ma maîtresse, dédaigne, si tu veux, de lutter avec moi ; mais de grâce ! ne t’éloigne pas, et ne me laisse pas ici tout seul, moi l’étranger plein de cœur ! » Alors elle sourit et lui dit : « Et que veux-tu, ô jeune étranger ? Parle et ton souhait sera exaucé ! » Il répondit : « Comment, après avoir foulé ton sol, ô ma maîtresse, et m’être dulcifié de la douceur de ta gentillesse, m’éloigner sans avoir goûté les mets de ton hospitalité ! Et me voici devenu un esclave d’entre tes esclaves ! » Elle répondit, en appuyant du sourire : « Tu dis vrai, jeune étranger, il n’y a que le cœur dur et peu généreux qui refuse l’hospitalité ! Fais moi donc la grâce, seigneur, d’accepter la mienne, et ta place sera sur ma tête et dans mes yeux ! Remonte donc sur ton cheval et marche à côté de moi en suivant la rive du fleuve : dès ce moment, tu es