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les mille nuits et une nuit

dûs ! Mais pas avant que ne me le permette ce Roi bien élevé et doué de bonnes manières ! »

Alors le roi Schahriar, qui ne pouvait dormir tant il attendait la suite avec ardeur, dit : « Tu peux parler ! »

Et Schahrazade dit :

Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, que le prince Diadème s’écria : « Ô Aziz ! que caches-tu donc ainsi ! » Mais Aziz répondit : « Ô seigneur, c’est juste à cause de cela même que je ne voulais pas, dès le début, étaler devant toi mes marchandises. Que faire maintenant ! » Et il poussa un soupir de toute son âme. Mais le prince Diadème insista tant et lui dit de si gentilles paroles que le jeune Aziz finit par dire :

« Sache, ô mon maître, que mon histoire, au sujet de ce carré d’étoffe, est bien étrange ; et elle est pour moi pleine de souvenirs fort doux. Car les charmes de celles qui m’ont donné cette double étoffe ne s’effaceront jamais devant mes yeux. Celle qui m’a donné la première étoffe s’appelle Aziza ; quant à l’autre, son nom m’est amer à prononcer pour le moment ! Car c’est elle qui, de sa propre main, m’a fait ce que je suis. Mais comme j’ai déjà commencé à te parler de ces choses, je vais t’en raconter les détails ; ils te charmeront certainement, et serviront à édifier ceux qui les écouteront avec respect. »

Puis le jeune Aziz tira l’étoffe de dessous son genou, et la déplia sur le tapis où tous deux étaient assis. Et le prince Diadème vit qu’il y avait deux carrés distincts : en soie, sur l’un des carrés était brodée, en fils d’or rouge et fils de soie de toutes les