Lorsque le prince Diadème eut entendu ce chant, il ne voulut pas, pour le moment, trop insister, et, pour lier conversation, il lui dit : « Pourquoi, ô Aziz, ne m’as-tu pas étalé ta marchandise comme tous les autres marchands ? » Il répondit : « Ô mon seigneur, ma marchandise, en vérité, ne contient rien qui puisse convenir à un fils de roi. » Mais le beau Diadème dit au bel Aziz : « Par Allah ! je veux tout de même que tu me la montres ! » Et il obligea le jeune Aziz à s’asseoir à côté de lui sur le tapis de soie et à lui étaler, pièce par pièce, toute sa marchandise. Et le prince Diadème, sans même examiner les belles étoffes, les lui acheta toutes sans compter, et lui dit ; « Maintenant, Aziz, si tu me racontais le motif de tes peines… Je te vois les yeux en larmes et le cœur affligé. Or, si tu es opprimé, je saurai châtier tes oppresseurs ; et si tu es endetté, je paierai tes dettes de tout cœur. Car voici que je me sens attiré vers toi, et mes entrailles brûlent à ton sujet ! »
Mais le jeune Aziz, à ces paroles, se sentit de nouveau suffoqué par les sanglots, et ne put que chanter ces strophes :
« Ah ! la coquetterie de tes yeux noirs allongés de kohl bleu ! Ah !
La flexibilité de ta taille droite sur tes hanches mouvantes ! Ah !
Le vin de tes lèvres et le miel de ta bouche ! Et la courbe de tes seins et la braise qui les fleurit ! Ah ! A-hah !
T’espérer m’est plus doux qu’au cœur du condamné l’espoir du salut ! Ô nuit ! »