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les mille nuits et une nuit

d’un père, d’une mère ou d’un ami très cher.

Alors le prince Diadème ne voulut point s’éloigner sans connaître ce beau jeune homme vers lequel son cœur était attiré ; et il s’approcha de lui et lui souhaita la paix, et lui demanda avec intérêt qui il était et pourquoi il était si triste. Mais le beau jeune homme, à cette question, eut les yeux remplis de larmes et ne put dire que ces deux mots : « Je suis Aziz ! » et il éclata en sanglots, et tellement qu’il tomba évanoui.

Lorsqu’il fut revenu à lui, le prince Diadème lui dit : « Ô Aziz, sache que je suis ton ami. Dis-moi donc le sujet de tes peines. » Mais le jeune Aziz, pour toute réponse, s’accouda et chanta ces vers :

« De ses yeux évitez le regard magicien, car nul n’a échappé au cercle de son orbite.

Les yeux noirs sont terribles quand ils sont langoureux. Car les yeux noirs et langoureux traversent les cœurs comme l’acier luisant des glaives effilés.

Et surtout n’écoutez pas la douceur de son langage, car, tel un vin de feu, il fait fermenter la raison des plus sages.

Si vous la connaissiez ! Elle a des regards si doux ! Et son corps de soie ! s’il touchait le velours il l’éterniserait de douceur.

La distance entre sa cheville cerclée de l’anneau d’or et ses yeux cerclés de kohl noir est remarquable.

Ah ! où est l’odeur délicate de ses robes parfumées, et son haleine qui distille l’essence de roses ! »