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les mille nuits et une nuit

nuit, pour le repos. Et l’on finit par arriver à une large vallée couverte de forêts et pleine d’eau murmurante. Et, comme c’était la nuit, Scharkân donna l’ordre du campement et fit savoir que le repos serait de trois jours. Et descendirent les cavaliers et dressèrent les tentes et se dispersèrent de tous côtés, à droite et à gauche. Et le vizir Dandân fit placer sa tente au milieu même de la vallée, et tout près de lui les tentes des envoyés du roi Aphridonios de Constantinia.

Quant à Scharkân, il attendit que tous les soldats fussent partis, et ordonna à ses gardes de le laisser seul et d’aller auprès du vizir Dandân. Puis il lâcha les rênes en toute liberté à son coursier, et voulut reconnaître lui-même toute la vallée et mettre ainsi en pratique les conseils de son père, qui lui avait soigneusement recommandé de prendre toutes les précautions en approchant du pays des Roum, ennemis ou amis. Et il ne cessa, toujours sur le dos de son cheval, de marcher tout autour de la vallée jusqu’à ce que le quart de la nuit fût écoulé. Alors le sommeil lui tomba pesamment sur les paupières, et il fut dans l’impossibilité d’aller au galop. Et, comme il avait l’habitude de dormir sur le dos de son cheval, il laissa son cheval aller au pas et s’endormit.

Le cheval se mit ainsi à marcher jusqu’à minuit, et soudain, au milieu d’une solitude boisée, il s’arrêta et frappa violemment du sabot contre terre. Et Scharkân s’éveilla et se vit au milieu des arbres de la forêt, qui était en ce moment éclairée par la clarté de la lune. Et Scharkân fut extrêmement ému de se trouver au milieu de cet endroit solitaire ; mais il dit