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les mille nuits et une nuit

fut bien autre chose ! Alors un jeune duvet velouta le grain rose de ses joues, et l’ambre noir mit une goutte de beauté sur la blancheur de son menton. Alors, en toute évidence, il ravit toutes les raisons et tous les yeux, comme dit le poète à son sujet :

Son regard ! s’approcher du feu sans se brûler n’est point si étonnante chose que son regard ! Comment suis-je encore en vie, ô sorcier, moi qui passe ma vie sous tes regards !

Ses joues ! si ses joues transparentes sont duvetées, ce n’est point de duvet comme toutes les joues, mais de soie furtive et dorée.

Sa bouche ! Il y en a qui viennent me demander naïvement où se trouve l’élixir de vie et sa source, sur quelle terre coule l’élixir de vie et sa source !…

Et je leur dis : « L’élixir de vie, je le connais et sa source aussi, je la connais !…

« Elle est la bouche même d’un adolescent, svelte et doux comme un jeune daim, le cou tendre et penché, d’un adolescent à la taille flexible.

« Elle est la lèvre humide et moussue d’un jeune daim mince et vif, d’un adolescent à la douce lèvre humide et de couleur rouge foncé ! »

Mais tout cela quand il avait dix-huit ans ; car, lorsqu’il eut atteint l’âge d’homme, le prince Diadème devint si admirablement beau qu’il fut un exemple cité dans tous les pays musulmans, en large et en long. Aussi le nombre de ses amis et de ses intimes fut très considérable ; et tous ceux qui l’entouraient souhaitaient avec ardeur le voir enfin