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les mille nuits et une nuit

Rien ne saurait plus agréablement reposer mes oreilles que la voix de ceux qui savent chanter les louanges de Zahr-Schah, le roi de tous les cœurs !

Et si je passais toute ma vie, après l’avoir regardé ne fût-ce qu’une seule fois au visage, sans le bonheur d’un second regard, cela me rendrait riche à jamais.

Ô vous tous qui entourez ce roi magnifique, sachez que si quelqu’un prétendait avoir trouvé un roi qui dépasse Zahr-Schah en qualités, il mentirait, et ne serait point un vrai Croyant ! »

Et, ayant fini de réciter ce poème, le vizir se tut sans en dire davantage. Alors le roi Zahr-Schah le fit s’approcher de son trône, et le fit s’asseoir à ses côtés, et lui sourit avec bonté, et l’entretint agréablement pendant un bon moment, en lui donnant les marques les plus démonstratives de l’amitié et de la générosité. Ensuite le roi fit tendre la nappe en l’honneur du vizir, et tout le monde s’assit à manger et à boire jusqu’à satiété. Alors seulement le roi désira rester seul avec le vizir ; et tous sortirent, à l’exception des principaux chambellans et du grand-vizir du royaume.

Alors le vizir du roi Soleïmân-Schah se leva debout sur ses deux pieds, et fit encore un compliment, et s’inclina et dit : « Ô grand roi plein de munificence, je viens vers toi pour une affaire dont le résultat pour nous tous sera plein de bénédictions, de fruits heureux et de prospérité ! Le but de ma mission est, en effet, de demander en mariage ta fille pleine d’estime et de grâce, de noblesse et de modestie, pour mon maître et la couronne sur ma tête,