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histoire du roi omar… (aziz, aziza, diadème)
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lui dit : « Mon vizir, voici que ma poitrine se rétrécit et ma patience s’épuise et mes forces diminuent ; quelque temps encore ainsi, et je n’aurai plus que la peau sur les os. Car je vois bien à présent que le célibat n’est point un état de nature, surtout pour les rois qui ont un trône à transmettre à leurs descendants. Et, d’ailleurs, notre Prophète béni (sur lui la prière et la paix !) a dit : « Copulez ! et multipliez vos descendants, car je me glorifierai de votre nombre, devant toutes les races, au jour de la Résurrection ! » Conseille-moi donc, ô mon vizir, et dis-moi ce que tu en penses. »

Alors le vizir lui dit : « En vérité, ô roi, c’est là une question fort difficile et d’une délicatesse extrême. J’essaierai de te satisfaire en restant dans la voie prescrite. Sache donc, ô roi, que je ne verrais point avec agrément une esclave inconnue devenir l’épouse de notre maître ; car comment pourra-t-il connaître l’origine de cette esclave et la noblesse de ses ascendants et la pureté de son sang et les principes de sa race, et comment pourra-t-il, par conséquent, conserver intacte l’unité impolluée du sang de ses propres ancêtres ? Ne sais-tu que l’enfant qui naîtra d’une telle union sera toujours un bâtard plein de vices, menteur, sanguinaire, maudit d’Allah, son créateur, à cause de ses abominations futures ? Et une pareille souche ressemble à la plante qui pousse dans un terrain marécageux à l’eau saumâtre et stagnante, et qui tombe en pourriture avant même d’atteindre à sa pleine croissance. Aussi n’attends point de ton vizir, ô roi, le service de t’acheter une esclave, fût-elle la plus belle adoles-