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les mille nuits et une nuit

d’étoffes précieuses de la Perse et du Cachemire, et devant l’armée entière…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CENT-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

Daoul’makân s’avança près de la tombe où reposait Scharkân et qui était toute tendue d’étoffes précieuses de la Perse et du Cachemire et, devant l’armée entière, il versa des pleurs abondants et improvisa ces strophes à la mémoire du défunt :

« Scharkân, ô mon frère, voici que sur mes joues mes larmes ont écrit des lignes régulières, significatives plus que les rythmes réguliers des vers, désolées, suggestives, à tous les regards qui les liront, de ma douleur, ô mon frère !

Derrière ton cercueil, ô Scharkân, avec moi tous les guerriers sortirent en pleurant. Et ils lançaient des cris douloureux plus haut que le cri de Moussa sur le Jabal-Tor.

Et nous arrivâmes tous à ton tombeau dont la fosse est creusée plus profondément dans le cœur de tes guerriers que dans la terre ou tu reposes, ô mon frère !