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les mille nuits et une nuit

convoi en pleurant toutes les larmes de ses yeux, et le fit enterrer au pied d’une colline, sous un grand dôme d’albâtre et d’or.

Puis, durant de longs jours, il continua à pleurer tellement qu’il devint comme l’ombre de lui-même. Alors le vizir Dandân, réprimant sa propre douleur, vint le trouver et lui dit : « Ô roi, mets enfin un baume à ta douleur et essuie tes yeux. Ne sais-tu que ton frère est en ce moment entre les mains du Juste Rémunérateur ? Et, d’ailleurs, à quoi te sert tout ce deuil pour de l’irréparable, alors que toute chose est écrite pour arriver à son temps ! Lève-toi donc, ô roi, et reprends tes armes ; et songeons à pousser avec vigueur le siège de cette capitale des mécréants : ce serait le meilleur moyen de nous venger complètement ! »

Or, pendant que le vizir Dandân encourageait de la sorte le roi Daoul’makân, un courrier arriva de Baghdad porteur d’une lettre de Nôzhatou à son frère Daoul’makân. Et cette lettre contenait ceci en substance :

« Je t’annonce, ô mon frère, la bonne nouvelle !

« Ton épouse, la jeune esclave que tu as rendue enceinte, vient d’accoucher, en santé, d’un enfant mâle aussi lumineux qu’une lune au mois de Ramadan. Et j’ai cru bon d’appeler cet enfant Kanmakân[1].

« Or, les savants et les astronomes prédisent que cet enfant accomplira des choses mémorables, tant

  1. Kanmakân signifie : Il fut ce qui fut.