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les mille nuits et une nuit

Mais pour ce qui est du meurtre de Scharkân, voici ! À l’heure même où cela s’accomplissait, le grand-vizir Dandân se sentait pris d’insomnie et d’inquiétude, et il était oppressé comme si le monde entier lui eût pesé sur la poitrine. Il se décida enfin à se lever de son lit ; et il sortit de sa tente pour respirer l’air ; et, comme il se promenait, il vit l’ascète qui, déjà loin, s’éloignait rapidement hors du camp. Alors il se dit : « Le prince Scharkân doit être seul maintenant. Je vais aller veiller près de lui, ou causer avec lui s’il est réveillé. »

Lorsque le vizir Dandân arriva dans la tente de Scharkân, la première chose qu’il vit fut une mare de sang par terre ; puis, sur le lit, il aperçut le corps et la tête de Scharkân assassiné.

À cette vue, le vizir Dandân jeta un cri si haut et si terrible qu’il réveilla tous les hommes endormis et mit sur pied tout le camp et toute l’armée, et aussi le roi Daoul’makân, qui aussitôt accourut sous la tente. Et il vit le vizir Dandân qui pleurait à côté du corps sans vie de son frère le prince Scharkân. À ce spectacle, Daoul’makân s’écria : « Ya Allah ! ô terreur ! » et tomba évanoui…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, cessa de parler.