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les mille nuits et une nuit

Allah, le coup n’est pas mortel. Où est le saint ascète ? » Daoul’makân dit : « Le voici à ton chevet. » Alors Scharkân prit les mains de l’ascète et les baisa ; et l’ascète fit des vœux pour son rétablissement et lui dit : « Mon fils, souffre ton mal avec patience, et tu en seras récompensé par le Rémunérateur ! »

Sur ces entrefaites, Daoul’makân, qui était sorti un moment, rentra sous la tente et embrassa son frère Scharkân et les mains de l’ascète, et dit : « Ô mon frère, qu’Allah te protège ! Voici que je cours te venger en immolant ce traître maudit, ce chien fils de chien, Aphridonios le roi des Roum ! » Alors Scharkân essaya de le retenir, mais en vain ; et le vizir Dandân et les deux émirs et le chambellan s’offrirent à aller eux-mêmes tuer le maudit ; mais Daoul’makân avait déjà sauté à cheval en criant : « Par le puits de Zamzam ! c’est moi seul qui punirai ce chien ! » Et il poussa son cheval au milieu du meïdân ; et, à le voir, on l’eût pris pour Antar lui-même au milieu de la mêlée, sur son cheval noir, plus rapide que le vent et les éclairs.

Or, de son côté, le maudit Aphridonios avait lancé son cheval dans le meïdân. Et les deux champions se rencontrèrent et ce fut à qui porterait à son adversaire le coup final, car la lutte, cette fois, ne pouvait se terminer que par la mort. Et la mort, en effet, frappa le traître maudit ; car Daoul’makân, les forces multipliées par le désir de la vengeance, après plusieurs passes infructueuses, réussit à atteindre son ennemi au cou et, en une seule fois, il lui traversa la visière, la peau du cou et