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histoire du roi omar al-néman…
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s’envoler de joie en l’apprenant, car il était sûr de tuer Scharkân, et avait pris toutes ses dispositions à cet égard. Et il passa cette nuit-là à manger et à boire et à prier et à dire des oraisons. Et, lorsque vint le matin, il s’avança au milieu du meïdân, et il était monté sur un haut coursier de bataille, et était vêtu d’une cotte de mailles d’or au milieu de laquelle brillait un miroir enrichi de pierreries ; il tenait à la main un grand sabre recourbé, et avait passé sur l’une de ses épaules un arc fabriqué à la manière compliquée des gens d’Occident. Et lorsqu’il fut tout près des rangs des musulmans, il releva sa visière et s’écria : « Me voici ! celui qui sait qui je suis doit savoir à quoi s’en tenir ; et celui qui ignore qui je suis bientôt me connaîtra ! Ô vous tous, je suis le roi Aphridonios à la tête couverte de bénédictions ! »

Mais il n’avait pas encore fini de parler, qu’en face de lui était déjà le prince Scharkân, monté sur un cheval alezan qui valait plus de mille pièces d’or rouge et était sellé d’une selle de brocart toute brodée de perles et de pierreries ; et il tenait à la main un glaive indien niellé d’or, à la lame capable de trancher l’acier et de niveler toutes choses difficiles. Et il poussa son cheval tout contre celui d’Aphridonios et cria à ce dernier : « Garde à toi, ô maudit ! me prendrais-tu donc pour un de ces jeunes hommes à la peau de jeune fille, et dont la place serait le lit des putains plutôt que le champ de bataille ! Voici mon nom, ô maudit ! » Et, sur ces paroles, Scharkân, de son glaive tournoyant, asséna un coup terrible à son adversaire qui, d’une volte de