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les mille nuits et une nuit

Et, de leur côté, les chrétiens, à la voix de leurs prêtres et de leurs moines, invoquèrent le Christ, la croix et la ceinture. Et, à ces cris mêlés, les deux armées en vinrent aux mains terriblement ; et le sang coula à flots ; et les têtes s’envolèrent des corps. Alors les bons anges furent du côté des Croyants ; et les mauvais anges embrassèrent la cause des mécréants ; et l’on vit où étaient les poltrons et où étaient les intrépides ; et les héros bondissaient dans la mêlée, et les uns tuaient et les autres étaient renversés de leurs selles ; et la bataille se fit sanglante et les corps jonchèrent le sol et s’entassèrent à hauteur de cheval. Mais que pouvait l’héroïsme des Croyants contre la quantité prodigieuse des Roum maudits ! Aussi, à la tombée de la nuit, les musulmans étaient repoussés, et leurs tentes saccagées, et leur campement était tombé au pouvoir des gens de Constantinia.

Et c’est alors qu’en pleine déroute ils rencontrèrent l’armée victorieuse du roi Daoul’makân qui s’en revenait de la vallée où avaient trouvé la défaite les chrétiens du monastère.

Alors Scharkân appela le grand-chambellan et à haute voix, devant les chefs réunis, le félicita et le glorifia pour sa fermeté dans la résistance et sa prudence dans la retraite et sa patience dans la défaite. Puis tous les guerriers musulmans, maintenant réunis en une armée massive, ne respirèrent plus que l’espoir de la vengeance et, les étendards déployés, s’avancèrent sur Constantinia.

Lorsque les chrétiens virent s’approcher cette armée formidable sur laquelle s’éployaient les ban-