ascète. Alors tous s’empressèrent de lui baiser les mains, tandis que, les larmes aux yeux et la voix altérée, elle leur dit :
« Apprenez le malheur, ô peuple des Croyants ! Et surtout hâtez vos pas ! Vos frères musulmans, qui étaient campés sous les murs de Constantinia, ont été attaqués à l’improviste, dans leurs tentes, par les forces considérables des assiégés ; et ils sont maintenant en complète déroute. Courez donc à leur secours, sinon du chambellan et de ses guerriers vous ne retrouverez même plus la trace ! »
Lorsque Daoul’makân et Scharkân eurent entendu ces paroles, ils sentirent s’envoler leur cœur à force de battements, et, au comble de la consternation, ils s’agenouillèrent devant le saint ascète et lui baisèrent les pieds ; et tous les guerriers se mirent à pousser des cris de douleur et des sanglots.
Mais il n’en fut pas de même du grand-vizir Dandân. Car il fut le seul à ne pas descendre de cheval et à ne pas baiser les mains et les pieds de l’ascète de malheur. Et, à haute voix, devant tous les chefs réunis, il s’écria : « Par Allah ! ô musulmans, mon cœur éprouve une singulière aversion pour cet ascète étrange ; et je sens qu’il est un des réprouvés, de ceux-là qui sont bannis loin de la porte de la miséricorde divine ! Croyez-moi, ô musulmans, repoussez loin de vous ce sorcier maudit ! Croyez-en le vieux compagnon du défunt roi Omar Al-Némân ! Et, sans plus tenir compte des paroles de ce réprouvé, hâtons-nous vers Constantinia ! »
À ces paroles, Scharkân dit au vizir Dandân :