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les mille nuits et une nuit

Lorsque les deux frères eurent entendu cette histoire, ils furent joyeux extrêmement en songeant à toutes les acquisitions qu’ils allaient faire et surtout à la jeune Tamacil, que la vieille disait fort experte, malgré sa jeunesse, dans l’art des plaisirs. Mais le vizir Dandân n’avait écouté cette histoire qu’avec un grand sentiment de méfiance et s’il ne s’était pas levé et en allé, c’était seulement par respect pour les deux rois ; car les paroles de cet ascète étrange ne lui entraient guère dans la tête et étaient loin de le convaincre ou de le satisfaire. Pourtant il cacha son impression et ne voulut rien dire, de peur de se tromper.

Quant à Daoul’makân, il voulait d’abord marcher sur le monastère à la tête de toute son armée ; mais la vieille Mère-des-Calamités l’en dissuada en lui disant : « J’ai peur que le chef des moines, Dechianos, à la vue de tous ces guerriers, ne prenne peur et ne s’échappe du monastère en emmenant la jeune fille. » Alors Daoul’makân fit appeler le grand-chambellan et l’émir Rustem et l’émir Bahramân et leur dit : « Demain, à la pointe du jour, vous marcherez sur Constantinia, où nous ne tarderons pas nous-mêmes à vous rejoindre. Toi, ô grand-chambellan, tu prendras le commandement général de l’armée à ma place ; et toi, Rustem, tu remplaceras mon frère Scharkân ; et toi, Bahramân, tu remplaceras le grand-vizir Dandân. Et surtout prenez bien garde de faire connaître à l’armée que nous sommes absents. D’ailleurs notre absence ne sera que de trois jours. » Puis Daoul’makân, Scharkân et le vizir Dandân choisirent cent guerriers d’entre les plus