Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar… (le monastère)
245

« Or, un jour que je voyageais à travers les pays des Roum, tout en accomplissant rigoureusement les devoirs de notre sainte religion, j’arrivai à une haute montagne sombre au sommet de laquelle était un monastère chrétien qui était sous la garde d’un moine. J’avais connu ce moine autrefois, dans les Lieux Saints, et il s’appelait Matrouna. Aussi à peine m’eut-il vu qu’il accourut respectueusement à ma rencontre et m’invita à entrer me reposer dans le monastère. Or, le perfide mécréant complotait ma perte, car à peine étais-je entré dans le monastère qu’il me fit suivre une longue galerie au bout de laquelle s’ouvrait une porte dans l’obscurité. Et il me poussa soudain dans le fond de cette obscurité et fit tourner la porte et m’enferma. Et là il me laissa quarante jours sans me donner à boire ni à manger, pensant ainsi me faire mourir de faim, en haine de ma religion.

« Sur ces entrefaites, arriva au monastère, en tournée extraordinaire, le chef général des moines ; et il était accompagné, selon l’habitude des chefs de moines, d’une suite choisie de dix jeunes moines fort jolis et d’une jeune fille aussi belle que les dix jeunes moines ; et cette jeune fille était vêtue d’un habit de moine qui lui serrait la taille et faisait saillir ses hanches et ses seins. Et Allah seul sait les horreurs que perpétrait ce chef de moines avec cette jeune fille qui s’appelait Tamacil et avec ses jeunes compagnons moines.

» Aussi, à l’arrivée de son chef, le moine Matrouna lui raconta mon emprisonnement et ma torture par la faim depuis quarante jours. Et le chef des