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histoire du roi omar al-némân
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larmes aux yeux, et se mirent même à sangloter tant ils étaient touchés des souffrances subies par celle qu’ils croyaient être un saint ascète. Alors elle leur fit signe de se relever et leur dit : « Cessez maintenant de pleurer et écoutez mes paroles ! » Alors les deux frères obéirent tout de suite, et elle leur dit :

« Sachez que, pour moi, je me soumets passivement à la volonté de mon Souverain Maître, car je sais que les fléaux qu’il m’envoie sont seulement pour éprouver ma patience et mon humilité. Qu’il soit béni et glorifié ! Car celui qui ne sait pas supporter les épreuves du Très-Bon ne parviendra jamais à goûter les délices du paradis. Et si maintenant je suis heureux de ma délivrance, ce n’est point à cause de la fin de mes souffrances, mais à cause de ma venue au milieu de nos frères musulmans et de mon espoir de mourir sous le pas des chevaux des guerriers luttant pour la cause de l’Islam ! Car les Croyants qui sont tués dans la guerre sainte ne meurent pas, leur âme est immortelle ! »

Alors les deux frères lui prirent encore les mains et les baisèrent et voulurent donner l’ordre de lui apporter à manger, mais elle refusa en disant : « Je suis dans le jeûne depuis bientôt quinze ans, et je ne puis, maintenant qu’Allah m’a accordé tant de faveurs, être assez impie pour couper ce jeûne et mon abstinence, mais, peut-être, au coucher du soleil, mangerai-je un morceau. » Alors ils n’insistèrent pas ; mais, le soir venu, ils firent apprêter les mets et les lui présentèrent eux-mêmes ; mais la