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les mille nuits et une nuit

quée et enseignée par la vieille Mère-des-Calamités. Et les deux frères furent émus extrêmement en entendant le récit des souffrances du saint ascète et sa délivrance du souterrain du monastère. Et ils demandèrent aux marchands : « Mais où est-il maintenant, le saint ascète ? L’avez-vous laissé ensuite au monastère ? » Ils répondirent : « Lorsque nous eûmes tué le moine gardien du monastère, nous nous hâtâmes d’enfermer le saint dans une caisse, que nous chargeâmes sur un de nos mulets, et nous nous enfuîmes au plus vite. Et nous allons maintenant l’amener entre vos mains. Mais, avant de nous enfuir du monastère, nous pûmes constater qu’il renfermait des quintaux et des quintaux d’or, d’argent et de pierreries et joyaux de toutes sortes, dont va d’ailleurs vous mieux parler le saint ascète, dans quelques instants. »

Et ces marchands se hâtèrent d’aller décharger le mulet, et ouvrirent la caisse et amenèrent le saint ascète devant les deux frères. Et il apparut aussi noir qu’une gousse de cassier, tant il avait maigri et s’était ratatiné ; et il portait sur sa peau les cicatrices laissées par les coups de fouet et que l’on aurait cru des traces de chaînes enfoncées dans les chairs.

À sa vue (c’était, en réalité, la vieille Mère-des-Calamités !) les deux frères furent convaincus qu’ils avaient devant eux le plus saint des ascètes, surtout lorsqu’ils virent que le front de l’ascète était brillant comme le soleil, grâce à l’onguent mystérieux dont la perfide vieille s’était oint la peau. Et ils s’avancèrent vers elle et lui baisèrent les mains et les pieds avec ferveur en lui demandant sa bénédiction, les