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les mille nuits et une nuit

Eau du ruisseau qui t’attaches aux tiges des fleurs, ô grelots d’argent aux chevilles blanches ! Et vous, fleurs, couronnez mon bien-aimé !…

Lorsqu’ils eurent rassasié leurs sens de ces délices, les deux frères songèrent à se reposer quelque temps en ce lieu. En effet, Daoul’makân dit à Scharkân : « Ô mon frère, je ne crois pas que tu aies vu à Damas des jardins aussi beaux. Restons donc ici pour nous reposer deux ou trois jours et donner à nos soldats le temps de respirer un peu le bon air et de boire de cette eau si douce afin qu’ils puissent mieux lutter contre les mécréants. » Et Scharkân trouva que l’idée était excellente.

Or, comme il y avait déjà deux jours qu’ils étaient là et qu’ils allaient se préparer à faire plier les tentes, ils entendirent des voix dans le lointain ; et, s’étant informés, il leur fut répondu que c’était une caravane de marchands de Damas qui retournaient dans leur pays, après avoir vendu et acheté dans le pays des Infidèles, et que les soldats leur barraient maintenant la route pour les punir d’avoir fait le commerce avec les Infidèles.

Mais, juste à ce moment, les marchands arrivèrent en protestant et en se démenant, entourés par les soldats. Et ils se jetèrent aux pieds de Daoul’makân et lui dirent : « Nous avons été dans le pays des Infidèles, qui nous ont respectés et ne nous ont lésés ni dans nos personnes ni dans nos biens ; et voici que maintenant les Croyants, nos frères, nous pillent et nous maltraitent en pays musulman ! » Puis ils sortirent la lettre, sauf-conduit du roi de Constantinia,