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histoire du roi omar al-némân
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Et puis, ô délice de tuer de sa main les ennemis, et de se sentir emporté sur un coursier fougueux ! »

Lorsque le vizir Dandân eût récité ces vers, les deux rois agréèrent son avis et donnèrent le signal du départ pour Constantinia. Et toute l’armée se mit en marche, avec ses chefs en tête.

Et l’on marcha sans répit, et l’on traversa de grandes plaines brûlées où ne poussait d’autre végétation qu’une herbe jaune disséminée dans ces solitudes habitées seulement par la présence d’Allah. Et au bout de six jours de cette marche harassante, dans ces déserts sans eau, ils finirent par arriver dans un pays qui bénissait le Créateur. Devant eux s’étendaient des prairies pleines de fraîcheur où se promenaient les eaux bruissantes, où fleurissaient les arbres fruitiers. Et cette contrée, où s’ébattaient les gazelles et où chantaient les oiseaux, apparaissait tel un paradis avec ses grands arbres ivres de la rosée qui embellissait leurs branches, et ses fleurs qui souriaient à la brise vagabonde, comme dit le poète :

Regarde, enfant ! La mousse du jardin s’étend heureuse sous la caresse des fleurs endormies. Elle est un grand tapis couleur d’émeraude avec des reflets adorables.

Ferme tes yeux, enfant ! Écoute l’eau chanter sous les pieds des roseaux. Ah ! ferme tes yeux !

Jardins ! parterres ! ruisseaux ! je vous adore ! ruisseau au soleil, tu brilles comme une joue, duveté de l’ombre des saules inclinés !