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les mille nuits et une nuit

Lorsque la vieille eut fini de parler, ses compagnons répondirent par l’ouïe et l’obéissance, et se mirent aussitôt à la fouetter jusqu’au sang, et puis l’enfermèrent dans une caisse vide, qu’ils placèrent sur le dos de l’un des mulets, et se mirent en route pour mettre à exécution le plan de cette perfide.

Mais pour ce qui est de l’armée victorieuse des Croyants, après la déroute des chrétiens elle se partagea le butin et glorifia Allah pour ses bienfaits. Ensuite Daoul’makân et Scharkân se tendirent la main pour se féliciter et s’embrassèrent, et Scharkân, dans sa joie, dit à Daoul’makân : « Ô mon frère je souhaite qu’Allah t’accorde de ton épouse enceinte un enfant mâle, afin que je puisse le marier à ma fillette Force-du-Destin ! » Et ils ne cessèrent de se réjouir ensemble jusqu’à ce que le vizir Dandân leur eût dit : « Ô rois, il est sage et tout indiqué que, sans perdre de temps, nous nous mettions à la poursuite des vaincus, et que, sans leur donner le temps de se reprendre, nous allions les assiéger dans Constantinia, et les exterminer totalement de la surface de la terre. Car, comme dit le poète :

» Le pur délice des délices est de tuer de sa main les ennemis, et de se sentir emporté sur un coursier fougueux.

Le pur délice est l’arrivée d’un messager de la bien-aimée vous annonçant l’arrivée de la bien-aimée.

Mais le plus pur délice des délices n’est-ce point l’arrivée de la bien-aimée avant même l’arrivée du messager ?