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les mille nuits et une nuit

tre, d’un homme triste, dont les larmes remplissaient les yeux et coulaient le long de la vénérable barbe blanche. Et les lèvres du vieil homme triste remuèrent lentement et nous dirent ces paroles : « Ô musulmans ! Si parmi vous il y a des hommes qui craignent Allah et suivent à la lettre les préceptes de notre Prophète (sur lui la paix et la prière !) qu’ils se lèvent et sortent de ce pays des mécréants et aillent vers l’armée du prince Scharkân dont la destinée a été écrite de devoir un jour prendre des mains des Roum la ville de Constantinia. Et, sur votre route, vous trouverez un monastère, au bout de trois jours de marche. Et dans ce monastère, à tel endroit dans tel lieu, vous trouverez un souterrain où est enfermé depuis quinze ans un saint ascète de la Mecque nommé Abdallah, dont les vertus sont agréables à Allah Très-Haut. Et il est tombé entre les mains des moines chrétiens qui l’ont enfermé dans ce souterrain et le torturent horriblement en haine de sa religion. Aussi la délivrance de ce saint serait pour vous autres l’action la plus méritoire devant le Très-Haut ; et par elle-même déjà elle est une très belle action ! Je ne vous en dirai donc pas davantage. Et que la paix soit sur vous ! »

« Et, cela dit, la figure du vieillard triste s’effaça à nos yeux…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.