Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân
233

sassent des marques indélébiles. Alors seulement elle dit à ses compagnons :

« Il faut maintenant me frapper avec des fouets et me mettre les chairs en sang, de façon à me laisser des cicatrices ineffaçables. Et, pour cela, n’ayez aucun scrupule, car la nécessité a ses lois. Ensuite mettez-moi dans une caisse semblable à ces caisses de marchandises, et placez la caisse sur un de ces mulets. Et mettez-vous alors en marche jusqu’à ce que vous soyez arrivés au campement des musulmans dont le chef est Scharkân. Et à ceux qui voudront vous barrer la route, vous montrerez la lettre du roi Aphridonios, qui vous dépeint comme des marchands de Damas, et vous demanderez à voir le prince Scharkân ; et lorsque vous serez introduits en sa présence et qu’il vous aura interrogés sur votre état et sur vos bénéfices réalisés dans le pays des Roum infidèles, vous lui direz :

« Ô roi fortuné, le bénéfice le plus net et le plus méritoire de tout notre voyage commercial au pays de ces chrétiens mécréants, a été la délivrance d’un saint ascète que nous avons pu tirer d’entre les mains de ses persécuteurs, qui le torturaient dans un souterrain, depuis quinze années, pour lui faire abjurer la sainte religion de notre Prophète Mohammad (sur lui la paix et la prière !) Et voici comment la chose s’est passée :

« Il y avait déjà quelque temps que nous étions à Constantinia à vendre et à acheter, quand, une nuit que nous étions assis dans notre logement à calculer le gain de la journée, nous vîmes soudain, tout contre le mur de la salle, une grande image apparaî-