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histoire du roi omar al-némân
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Mais il faut dire que Mère-des-Calamités était pleine de générosité pour toutes les esclaves qui se laissaient faire par elle, comme elle était pleine de rancune pour celles qui lui résistaient. Et c’est pour son refus qu’Abriza était tellement haïe par cette vieille.

Donc lorsque la vieille Mère-des-Calamités fut entrée chez le roi Aphridonios, il se leva en son honneur ; et le roi Hardobios fit de même. Et la vieille dit :

« Ô roi, il nous faut maintenant laisser de côté tout cet encens fécal et toutes ces bénédictions du patriarche qui n’ont fait qu’attirer les malheurs sur nos têtes. Et songeons plutôt à agir à la lumière de la vraie sagesse. Voici. Comme les musulmans s’acheminent, à marches forcées, pour venir assiéger notre ville, il faut envoyer des crieurs par tout l’empire inviter les populations à se rendre à Constantinia, pour repousser avec nous l’assaut des assiégeants. Et que tous les soldats des garnisons se hâtent d’accourir s’enfermer dans nos murs, car le danger est pressant !

« Quant à moi, ô roi, laisse-moi faire, et bientôt la renommée fera parvenir jusqu’à toi le résultat de mes ruses et le bruit de mes méfaits contre les musulmans. Car, dès cette minute, je quitte Constantinia. Et que le Christ, fils de Mariam, te garde sauf ! »

Alors le roi Aphridonios se hâta de suivre les conseils de Mère-des-Calamités qui était, comme elle l’avait dit, sortie de Constantinia.

Or, voici le stratagème imaginé par la vieille rouée.