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les mille nuits et une nuit

meuses. Et cette horrible vieille passait la plus grande partie de son temps chez le roi Hardobios, à Kaïssaria ; et elle se plaisait dans son palais à cause de la quantité très grande de jeunes esclaves qui s’y trouvaient, tant hommes que femmes ; car elle obligeait les jeunes esclaves mâles à la monter, et elle aimait à son tour à monter les jeunes esclaves femmes ; et elle préférait à toute chose le chatouillement de ces vierges et le frottement de leur jeune corps contre le sien. Et elle était terriblement experte dans cet art du chatouillis ; et elle savait sucer comme une goule leurs parties délicates, et titiller agréablement leurs tétons ; et, pour les faire parvenir au spasme dernier, elle leur macérait la vulve avec le safran préparé : ce qui les jetait mortes de volupté dans ses bras. Aussi avait-elle enseigné son art à toutes les esclaves du palais, et, anciennement, aux suivantes d’Abriza ; mais elle n’avait pu réussir à gagner la svelte Grain-de-Corail, et tous ses artifices avaient échoué contre Abriza ; car Abriza l’avait en horreur à cause de la fétidité de son haleine et de l’odeur d’urine fermentée qui se dégageait de ses aisselles et de ses aines, et du dégagement putride de ses nombreux pets, plus odorants que l’ail pourri, et de la rugosité de sa peau, plus poilue que celle du hérisson et plus dure que les fibres du palmier. Car, en vérité, on pouvait bien appliquer à cette vieille ces paroles du poète :

Jamais l’essence de roses dont elle s’humecte la peau n’abolira la pestilence de ses pets silencieux !