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les mille nuits et une nuit

ne pouvait plus être douteuse. Et les chrétiens furent exterminés terriblement par les soldats musulmans, tant kurdes que persans et turcs et arabes. Et ceux qui purent échapper furent en bien petit nombre. Car il y eut jusqu’à cent vingt mille porcs d’entre eux qui trouvèrent la mort, tandis que les autres réussirent à s’échapper dans la direction de Constantinia. Voilà pour les Grecs du roi Hardobios ! Mais pour ceux du roi Aphridonios, qui s’étaient retirés sur les hauteurs avec leur roi, sûrs d’avance de l’extermination des musulmans, quelle dut être leur douleur de voir la fuite de leurs semblables !

Or, ce jour-là, outre la victoire, les Croyants gagnèrent une quantité énorme de butin. D’abord tous les navires, à l’exception de vingt qui avaient encore des hommes à bord et qui purent regagner Constantinia pour annoncer le désastre. Ensuite toutes les richesses et toutes les choses précieuses accumulées dans ces navires ; puis cinquante mille chevaux avec leur harnachement ; et les tentes et tout ce qu’elles contenaient en armes et en vivres ; et enfin une quantité incalculable de choses que nul chiffre ne saurait rendre. Aussi leur joie fut-elle très grande, et remercièrent-ils Allah pour la victoire et le butin. Et voilà pour les musulmans !

Mais pour ce qui est des fugitifs, ils finirent par arriver à Constantinia, l’âme hantée par les corbeaux des désastres. Et toute la ville fut plongée dans l’affliction, et les édifices et les églises furent tendus des draps du deuil, et toute la population se massa en groupes de révolte et lança des cris de