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histoire du roi omar al-némân
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musulmans s’arrêtèrent dans leur fuite simulée, et, à la voix de Daoul’makân, se précipitèrent sur leurs poursuivants, en criant : « Allahou akbar ! » Et Daoul’makân, pour les exciter à la lutte, leur jeta cette harangue :

« Ô musulmans, voici le jour de la religion ! Voici le jour où vous gagnerez le paradis ! Car le paradis ne se gagne qu’à l’ombre des glaives ! » Alors ils s’élancèrent comme des lions. Et ce jour-là ne fut point pour les chrétiens le jour de la vieillesse, car ils furent fauchés sans avoir eu le temps de voir blanchir leurs cheveux.

Mais les exploits accomplis par Scharkân, dans cette bataille soudaine, sont au-dessus de toutes paroles. Et pendant qu’il mettait en pièces tout ce qui se présentait sur sa route, Daoul’makân fit hisser le drapeau vert, signal convenu avec ceux de la vallée. Et il voulut se précipiter lui aussi dans la mêlée. Mais Scharkân le vit soudain qui se préparait à s’élancer. Alors vivement il s’approcha de lui et lui dit : « Ô mon frère, tu ne dois pas exposer ta personne aux chances de la lutte, car tu es nécessaire au gouvernement de ton empire. Aussi, dès maintenant, je ne vais plus m’éloigner de toi, et je me battrai seulement à côté de toi, en te défendant moi-même contre toutes les attaques ! »

Or, pendant ce temps, les guerriers musulmans, commandés parle vizir Dandân et le grand-chambellan, à la vue du signal convenu, se développèrent sur un demi-cercle et coupèrent ainsi à l’armée chrétienne toute chance de salut du côté de ses navires, sur la mer. Aussi la lutte engagée dans ces conditions