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les mille nuits et une nuit

pèrent le visage de douleur, et puis se précipitèrent tous sur leurs armes en lançant des cris de mort et de vengeance.

Alors les crieurs appelèrent les hommes, qui se rangèrent en ordre de bataille et, au signal donné par les deux rois, se précipitèrent en masse sur l’armée des musulmans. Et la mêlée s’engagea. Et les guerriers s’enlacèrent aux guerriers. Et le sang inonda les moissons. Et les cris succédèrent aux cris. Et les corps furent écrasés sous les sabots des chevaux. Et les hommes s’enivrèrent de sang et non de vin, et titubèrent comme les ivrognes. Et les morts s’entassèrent sur les morts, et les blessures sur les blessures. Et la bataille dura ainsi jusqu’à la tombée de la nuit, qui sépara les combattants.

Alors Daoul’makân, après avoir félicité son frère Scharkân pour son exploit qui devait illustrer son nom durant les siècles, dit au vizir Dandân et au grand-chambellan : « Ô grand vizir et toi, ô vénérable chambellan, prenez vingt mille guerriers, et allez à la distance de sept parasanges vers la mer. Là vous vous embarquerez dans la vallée de la Montagne-Fumante, et, au signal que je vous donnerai en hissant le pavillon vert, vous vous lèverez soudain prêts à la bataille décisive. Or, nous, ici, nous ferons semblant de prendre la fuite. Alors les Infidèles nous poursuivront. À ce moment-là, vous-mêmes, vous les poursuivrez, et nous, nous retournant, nous les attaquerons ; et ils seront ainsi cernés de tous côtés ; et pas un de ces Infidèles n’échappera à notre glaive, lorsque nous crierons : Allah akbar !

Aussi le vizir Dandân et le grand-chambellan ré-