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les mille nuits et une nuit

défendit à quiconque de le venir déranger. Et, étant entré dans la cellule, il en referma sur lui la porte à clef, et prit la coupe, en enleva le cachet, la porta à ses lèvres et la but, puis s’étendit se reposer.

Quant à nous tous, qui savions que ce jour-là était le dernier jour du jeûne, nous attendîmes jusqu’au soir, et puis pendant toute la nuit, et jusqu’au lendemain au milieu de la journée. Et nous pensâmes : « Le roi se repose probablement de toutes les veilles qu’il a supportées ! » Mais comme le roi persistait à ne pas ouvrir, nous nous approchâmes de la porte et nous donnâmes de la voix. Et personne ne répondit. Alors nous fûmes très effrayés de ce silence et nous nous décidâmes à casser la porte et à entrer. Et nous entrâmes.

Or, le roi n’était plus là. Mais nous trouvâmes seulement ses chairs en lambeaux et ses os émiettés et noirs. Alors nous tombâmes tous évanouis.

Et lorsque nous fûmes revenus à nous, nous prîmes la coupe et nous l’examinâmes. Et nous trouvâmes dans le couvercle un papier sur lequel ceci était écrit :

« Nul homme nuisible ne saurait inspirer du regret ! Et que toute personne qui lira ce papier sache que telle est la punition de celui qui séduit les filles des rois et les corrompt. Tel est le cas de cet homme-ci ! Il a envoyé son fils Scharkân enlever de notre pays la fille de notre roi, la malheureuse Abriza ! Et il l’a prise et a consommé sur elle, vierge, ce qu’il a consommé ! Puis il la donna à un esclave noir qui lui fit subir les pires