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les mille nuits et une nuit

et l’examinèrent et, ayant vu que c’était une fille, se hâtèrent de l’annoncer à toutes les assistantes et aux eunuques, disant : « C’est une fille ! Et son visage est plus brillant que la lune ! » Alors l’eunuque du roi se hâta d’aller rapporter la chose à son maître ; et l’eunuque de Scharkân courut également annoncer la nouvelle : et Scharkân s’en réjouit extrêmement.

Mais à peine les eunuques étaient-ils partis, que Safîa dit aux sages-femmes : « Oh ! attendez ! je sens que mes entrailles contiennent autre chose encore ! » Puis elle fut prise de nouveau par les « ah ! » les « ouh ! » et les douleurs de l’enfantement ; puis, avec l’aide d’Allah, elle finit par accoucher d’un second enfant. Et les sages-femmes se penchèrent vivement et examinèrent l’enfant : et c’était un enfant mâle qui ressemblait à la pleine lune, avec un front éclatant de blancheur, et des joues roses fleuries. Aussi se réjouirent fort les esclaves, les suivantes et toutes les invitées ; et, aussitôt après la délivrance de Safîa, toutes les femmes, à l’unisson, remplirent le palais de cris perçants de joie sur la note la plus aiguë, et de façon telle que toutes les autres concubines entendirent et comprirent et en séchèrent d’envie et de malaise.

Quant au roi Omar Al-Némân, à peine eut-il appris la nouvelle, qu’il en remercia Allah dans sa joie, et se leva et courut à l’appartement de Safîa, et s’approcha d’elle et lui prit la tête dans ses mains et l’embrassa sur le front. Puis il se pencha sur le nouveau-né et l’embrassa : et aussitôt toutes les esclaves frappèrent rythmiquement sur les tambours, et les joueuses d’instruments pincèrent les cordes harmo-