Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
les mille nuits et une nuit

conduire chez les Gens de l’Invisible afin qu’ils mettent en elles leur souffle et répandent en elles l’odeur agréable qui te charmera ; et elles te reviendront avec un trésor du sein de la terre, qui leur aura été donné par mes frères de l’Invisible ! »

Lorsque ton père eut entendu ces paroles, il la remercia pour toutes les peines qu’elle prenait et lui dit : « C’est trop, en vérité ! Et quant au trésor du sein de la terre, vraiment je craindrais d’abuser. » Mais elle répondit à cela comme il fallait ; et ton père lui demanda : « Et quand penses-tu me les ramener ? » Elle dit : « Au matin du trentième jour, une fois que tu auras terminé ton jeûne et que tu te seras ainsi purifié le corps ; et de leur côté elles auront en elles une pureté de jasmin et elles t’appartiendront totalement, ces adolescentes dont chacune vaut plus que tout ton empire ! » Il répondit : « Oh ! que cela est vrai ! » Elle dit : « Maintenant si même tu voulais me confier la femme que tu aimes le mieux parmi tes femmes, je la prendrais avec moi et les adolescentes pour que les grâces purificatrices de nos frères les Gens de l’Invisible rejaillissent également sur elle. » Alors le roi ton père lui dit : « Comme je te remercie ! J’ai en effet, dans mon palais, une femme grecque que j’aime, nommée Safîa ; et elle est la fille du roi Aphridonios de Constantinia ; et Allah m’a déjà accordé d’elle deux enfants que j’ai, hélas ! perdus depuis de nombreuses années. Prends-la donc avec toi, ô vénérable, pour que sur elle rejaillisse la grâce des Gens de l’Invisible et qu’elle puisse, par leur intercession, recouvrer ses enfants dont nous avons perdu toute trace ! » Alors la vieille sainte lui