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les mille nuits et une nuit

ramena son grand voile sur ses épaules et recula au milieu du groupe formé par les cinq adolescentes.

Ici le vizir Dandân cessa un moment de parler au roi Daoul’makân et à sa sœur Nôzhatou qui était derrière le rideau. Mais, après quelques instants, il reprit :


Lorsque ton défunt père, le roi Omar Al-Némân, eut entendu ces paroles édifiantes, il comprit que vraiment ces femmes étaient les plus parfaites de leur siècle, en même temps que les plus belles et les plus cultivées de corps et d’esprit. Et il ne sut quels égards leur témoigner qui fussent dignes d’elles, et il fut complètement sous le charme de leur beauté, et il les désira avec ardeur, en même temps qu’il fut plein de respect pour la sainte vieille, leur conductrice. Et en attendant, il leur donna, pour y demeurer, l’appartement réservé qui avait appartenu jadis à la reine Abriza, reine de Kaïssaria. Et, durant dix jours de suite, il alla lui-même prendre de leurs nouvelles et voir par lui-même si rien ne leur manquait ; et chaque fois qu’il y allait, il trouvait la vieille en prière, qui passait ses journées dans le jeûne et ses nuits dans la méditation. Et il fut tellement édifié de sa sainteté qu’un jour il me dit : « Ô mon vizir, quelle bénédiction que d’avoir dans mon palais une si admirable sainte ! Mon respect pour elle est devenu extrême et mon amour pour ces jeunes filles, sans limites. Viens donc avec moi pour demander enfin à la vieille, puisque les dix jours de notre hospitalité