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histoire du roi omar… la mort du roi
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète selon son habitude, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE-VINGT-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, que la sainte vieille continua de la sorte :

« On raconte que le khalifat Abou-Giafar Al-Mansour voulut nommer kâdi Abi-Hanifa et lui allouer dix mille drachmes par an. Mais lorsque Abi-Hanifa eut appris l’intention du khalifat, il pria la prière du matin, puis s’enveloppa de sa robe blanche et s’assit sans dire un mot. Alors entra l’envoyé du khalifat pour lui remettre d’avance les dix mille drachmes et lui annoncer sa nomination. Mais, à tout le discours de l’envoyé, Abi-Hanifa ne répondit pas un mot. Alors l’envoyé lui dit : « Sois pourtant bien sûr que tout cet argent que je t’apporte est chose licite et admise par le Livre. » Alors Abi-Hanifa lui dit : « Cet argent est chose licite, en vérité, mais Abi-Hanifa ne sera jamais le serviteur des tyrans ! »

Et, ayant dit ces paroles, la vieille ajouta : « J’eusse voulu, ô roi, te rapporter encore des traits admirables de la vie de nos anciens sages. Mais voici que la nuit approche, et d’ailleurs les jours d’Allah sont nombreux pour ses serviteurs ! » Et la sainte vieille